La cuisine est dans sa vie depuis toute petite, quand elle se glissait dans les coulisses du restaurant de son père, pour « jouer avec les sauces » : « Aujourd’hui encore, quand j’entre dans les chambres froides, il y a cette odeur qui me revient. Mon père n’a plus de restaurant mais on échange encore des conseils. » Tout comme elle, sa famille a dû faire face au bouleversement qu’a été sa reconversion. Auparavant agent commercial à la SNCF, elle a ensuite pris le temps de s’occuper de ses trois enfants. Le plus petit a trois ans et demi, la plus grande 19 ans… et va au même lycée que sa mère, où elle a intégré un BTS tourisme. Le lycée Alexandre Dumas à Illkirch-Graffenstaden accueille les stagiaires trois jours par semaine pour des cours théoriques, techniques et de l’enseignement général. « J’appréhendais un peu ce retour à l’école, mais je découvre que j’aime apprendre », raconte la mère de famille.
L’école permet aussi de “souffler” par rapport au restaurant. Les horaires sont éreintants, et la plupart du temps, le personnel travaille en coupure : de 9h à 14h et de 18h à 22h30. Parfois, Émilie travaille aussi le samedi, de 15h à 23h. « Au moins, ça me permet de dormir le matin et de profiter de mes enfants. » Un quotidien bien différent de l’époque où elle était « très dispo », où elle faisait « tous les rendez-vous, toutes les fêtes de Noël, les sorties d’école… » Heureusement, sa mère a « beaucoup pris le relais ».
L’arrivée de l’été a testé son endurance et sa motivation, ainsi que celles de ses camarades de promotion. Il a fallu subir la chaleur des fourneaux en pleine canicule. Malgré quelques défections dans sa classe, Émilie tient le cap et en redemande. Pendant son temps libre, la professionnelle en devenir pense et rêve gastronomie : « Même le week-end, je continue, je reproduis ce que je fais en cuisine, je teste… Ils en profitent bien à la maison ! »