Après Gustave Kervern, c’est avec Mathieu Amalric que Zut a pris l’apéro à l’occasion de la sortie de son nouveau film Serre-moi fort. L’acteur, aussi à l’affiche du dernier Wes Anderson, The French Dispatch, prend le temps, une bière à la main au Café des Sports.
L’alcool pour oublier, sortir de soi ou les deux ?
Ce n’est pas contradictoire. Dans le film [Serre-moi fort, réalisé par lui-même, incarné notamment par Vicky Krieps, NDLR], le personnage essaye de faire passer le temps, de s’oublier et de sortir d’elle-même : aller voir la mer, travailler parce que ça aide, et puis, en dernier lieu, il y a l’alcool. Moi euh… j’ai mon âge. Mais oublier, non. Je n’ai pas une relation triste à l’alcool. Ça me fait penser au film des Larrieu [Tralala, ndlr] : « Surtout ne soyez pas vous-même. » C’est un autre danger de l’alcool que j’ai commencé à découvrir. On croit qu’on est génial et en fait, on n’a pas vraiment été soi-même. Pour moi, l’alcool plutôt est lié au groupe ou aux rituels que j’ai avec mon amoureuse, Barbara [Hannigan, ndlr], musicienne et chanteuse soprano. Elle ne boit que du blanc parce que le tanin du rouge ne convient pas à sa voix. Elle travaille énormément et le soir, on a cette bouteille de blanc. Elle les préfère gras : on prend rarement de l’Alsace, tiens, plutôt des Bourgogne.
Un alcool particulier pour se mettre dans un état particulier ?
Je suis peut-être prétentieux, mais j’ai l’impression d’être tout le temps dans un état particulier, et ça me va. Je me souviens de l’école, quand t’es jeune et que tout le monde fume des joints : c’était horrible. Moi, ça me rendait tout vert et j’étais malade, il fallait que je fasse semblant. Je voyais bien quand même que les autres jouaient tous la comédie en disant « Ah putain, c’est bon !!! » Là, je vis en coloc’ avec Rodolphe Burger et Olivier Cadiot, et avec Olivier, on a quelque chose avec le whisky…