La production du parc serait donc destinée à être utilisée sur le site, dans les différents pôles de restauration notamment ?
Globalement, cette production sera destinée aux gens qui dorment sur site ou qui viennent nous visiter à la journée. À la marge, les hébergés pourraient repartir avec un panier de légumes de saison à la fin de leur séjour. Nous voulons travailler les légumes anciens, les variétés rares… On a un étoilé juste à côté, c’est le genre de partenariat qu’on souhaite créer aussi pour apporter une plus-value à son restaurant. Nous souhaitons également continuer à organiser des rencontres autour de la biodiversité, être un lieu d’échanges à travers des conférences et du démonstratif sur le site.
Comment expliquez-vous que le loup gris soit devenu l’animal emblématique du parc de Sainte-Croix ?
Depuis des décennies, le loup gris est ancré dans l’imaginaire humain. Dans les contes et les légendes, il exerce une fascination extraordinaire. Il va quelque part nous rappeler nos chiens, qui sont des animaux de compagnie exceptionnels, et puis il y a ce côté meute, organisation familiale, couple alpha. C’est un animal mythique qui a toujours fasciné les gens ou qui leur a inspiré une peur totalement disproportionnée. Dans la chaîne alimentaire, chaque animal a sa place mais c’est clair que le loup est une star absolue. À Beauval, c’est le panda.
Comment sont choisies les espèces représentées au Parc de Sainte-Croix ?
Elles viennent systématiquement de parcs zoologiques, il n’y a jamais de prélèvement en milieu naturel. Malheureusement, il existe encore dans le monde entier des trafics concernant la faune exotique. Au Parc animalier de Sainte-Croix, notre premier critère est d’accueillir des animaux de la faune patrimoniale. Nous avons une petite zone de biodiversité mondiale qui comprend le gibbon, parce que c’est une espèce menacée à l’état sauvage et qui fait partie d’un programme européen dans lequel on s’inscrit. Un de nos autres critères est de nous intéresser aux animaux qui ont un besoin conservatoire, qui sont en voie de disparition, en danger. Après il a des espèces symboliques comme le loup, qui n’est plus en voie de disparition mais qui est pour nous un ambassadeur formidable de la biodiversité. Nous accueillons 30 000 scolaires par an, il est essentiel qu’ils puissent avoir une rencontre directe, les yeux dans les yeux, avec les animaux pour parler des problématiques de cette planète qui part en vrille.
Depuis 2010, le Parc propose à ses visiteurs des séjours immersifs. Au départ, quatre lodges ont été installés au sein du Parc, aujourd’hui ils sont dix fois plus.
Nous avons répartis 46 lodges sur plus de 100 hectares avec la volonté qu’ils soient intégrés dans la nature et qu’ils aient le moins d’impact possible. Nous avons cherché la meilleure cohabitation possible entre les animaux et les hébergements. Si vous dormez avec les loups, vous n’aurez pas la garantie de les voir car le territoire est vaste. Globalement, ils sont tellement curieux qu’ils viendront vous voir, mais ce n’est pas quelque chose qu’on peut assurer. On fera encore quelques hébergements mais de façon modérée.
Comment expliquez-vous ce succès ?
Nous avons eu la volonté de partager avec le public cette chance d’être sur site de nuit, à un moment où il se passe énormément de choses. Quand ils viennent ici, les visiteurs coupent de tout. Il n’y a pas de télé, c’est une reconnexion complète. La nuit, c’est tout juste si on ne se perd pas dans le parc pour retrouver son hébergement. On écoute les bruits, on observe les animaux et c’est un lieu unique pour le faire. On a eu envie de créer ces hébergements en adéquation avec l’environnement. Les gens ont tout de suite accroché.
Par Emma Schneider
Photos Grégory Massat