Bulle magique : La Cheneaudière

Au coeur de la vallée de la Bruche, l’histoire de la Cheneaudière s’apparente à un voyage, avec ses cols et ses dévalées. Une aventure humaine faite de vision et d’audace, de courage, de résilience et de volonté. Une histoire à l’issue heureuse dont les chapitres continuent à s’écrire, jour après jour.

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Tout a commencé en 1974. Dans un temps fort lointain où les codes de l’hôtellerie-restauration n’avaient pas encore opéré leur mue, où le management était immuable et vertical, où internet et les réseaux sociaux n’étaient pas entrés dans nos vies. Dans ce hier si proche, le grand-père de Nicolas Decker crée une maison familiale qu’il gère avec brio. Au point d’accéder, dès l’ouverture, au très select guide Relais & Châteaux. « L’art de vivre à la française faisait rêver. Les voyageurs fortunés du monde se promenaient guide en main », explique Nicolas Decker. Ainsi, la Cheneaudière, son restaurant étoilé, son espace bien-être pourvu d’une piscine couverte, d’un jacuzzi et d’un modeste sauna, amène à Colroy-la-Roche des visiteurs venus du Japon, de Russie ou d’Amérique. « En ce temps-là, mon grand-père chassait avec Bernard Tapie et madame de Gaulle passait ses vacances à la Cheneaudière ! »

Une gestion patriarcale rattrapée par de nouvelles habitudes de consommer le voyage vont peu à peu essouffler ce modèle. Au point que l’établissement sera en difficulté dans les années 2000. « Je n’ai pas grandi dans cet univers, reconnaît Nicolas Decker, sinon pendant les vacances… » Mais doué pour les chiffres, armé d’une formation scientifique, le jeune homme est néanmoins habité par une envie d’entreprendre. Au point de déposer, en cachette de sa famille, une offre de rachat de l’établissement ! « La Cheneaudière était à vendre. Je leur ai annoncé dans la même phrase : tout va bien, nous avons un acheteur ; cet acheteur, c’est moi ! » 

Nicolas Decker (propriétaire-dirigeant) et Jean-René Grau (directeur) ©DR

Meilleur spa d’hôtel d’Europe 

« Je suis tombé amoureux du potentiel de l’établissement et de son environnement » reconnaît le propriétaire-dirigeant. Avec Jean-René Grau, aujourd’hui directeur de l’établissement, les deux hommes vont tout mettre en oeuvre pour redonner du lustre à la maison. « Il a fallu retrouver la confiance de tout le monde. Se montrer créatif, disruptif même, à un moment où le mot n’était pas encore sur toutes les lèvres… » Très vite, un projet de spa hors norme voit le jour. « On nous a traités de fous ! » Et pour cause : 2 000 mètres carrés parfaitement intégrés à la nature environnante, son sauna sur pilotis, sa piscine à débordement, intérieure et extérieure, son bassin au sel d’Epsom et ses trois suites de soins privatives, sans même parler de sa ligne de cosmétiques maison, tout cela pour seulement… trente-huit chambres à l’époque ! « Peu importait le fait que nous nous trouvions dans un petit village, nos visiteurs voulaient vivre cette expérience ! » Un pari réussi au point de se voir décerner, en 2014, le prix Villégiature du meilleur spa d’hôtel en Europe ! 

Depuis, les améliorations apportées au spa, tant au niveau de l’expérience que de l’esthétique, ont été constantes. Jusqu’à atteindre aujourd’hui 2 500 mètres carrés sur trois niveaux, alors que la prochaine extension est d’ores et déjà programmée. « Nous sommes devenus ce que les spécialistes appellent dans leur jargon, une destination spa. » Et bien que le nombre d’accès soit limité afin que les clients de l’hôtel trouvent calme et sérénité, la Cheneaudière propose aussi des accès « day spa » en journée, matinée ou soirée, ainsi que des créneaux baptisés « bulles dernière minute », accompagnés d’un buffet adapté au moment de la visite. Instants gourmands particulièrement appréciés, permettant de conjuguer le luxe en mode détente. 

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Top suites à succès

« Ce premier palier de la reconquête nous a permis d’enclencher un cercle vertueux et de viser la montée en gamme », poursuit Nicolas Decker, dont l’établissement passe de trois étoiles à quatre, puis cinq en 2017. Une ascension soutenue par des investissements constants et un soin particulier apporté à chaque détail. Ainsi, les désormais quarante-cinq chambres de la Cheneaudière bénéficient-elles toutes d’une décoration soignée, à l’instar des célèbres « Top suites » dont la première, inaugurée en 2014, a rapidement été suivie de deux autres, tant le succès a surpris jusqu’à ses initiateurs.

Les raisons de cet engouement ? Espace, décoration millimétrée et terrasse panoramique équipée d’un bain bouillonnant ne sont là que des pistes… Mais qu’elle soit « panoramique » ou moins perchée, à la Cheneaudière, aucune chambre n’est en reste question confort : literie haut de gamme, meubles sur mesure, télés miroirs ou escamotables pour dégager la vue, moquette duveteuse, pour certaines en cachemire, salles de bain hyper spacieuses, toilettes japonaises et coins coiffeuses à chaque fois que les dimensions de la chambre le permettent, tout a été soigneusement pensé avec l’architecte d’intérieur. Attenante à l’hôtel, la Villa François, ancienne maison de famille, regroupe quant à elle cinq suites toutes communicantes permettant d’accueillir, au besoin, jusqu’à quinze personnes sur 300 mètres carrés.

« Tout cela n’est pas nécessairement visible au premier coup d’oeil, mais cette attention au détail, c’est toute notre vie ! Pour monter en gamme, il faut que les prestations suivent. Ainsi prêtons-nous une attention toute particulière aux matériaux, à la domotique, au design» Une rigueur qui s’applique jusqu’au parking, avec une largeur de place inégalée et pas moins de treize bornes de recharge de 11 et 22 kW. « Mais sans la qualité du service, le détail n’est rien ! » tient toutefois à préciser Nicolas Decker. « Tous les clients ne prêteront pas attention à un fauteuil de designer suédois ou à la forme étudiée d’un couteau à beurre. Un accueil prévenant et non feint, lui, est perceptible par tout le monde ! » Pour atteindre cet ultime palier d’exigence, le dirigeant de la Cheneaudière veille tout particulièrement, depuis son arrivée, à la qualité de vie au travail. « L’empathie ne se force pas. Il faut attirer des gens compétents et leur donner envie de sourire. » 

À la Cheneaudière, pas une année sans projet. L’établissement qui compte de nombreux espaces de restauration à la décoration et à l’atmosphère variées selon la météo ou l’heure du jour – ainsi des boiseries et des plafonds végétalisés, de l’immense terrasse du salon Calixte donnant sur la forêt environnante, du cosy-bar avec ses cheminées à vapeur et son billard – vise là aussi une marche supplémentaire. L’hôtel de Colroy-la-Roche accueille deux restaurants ouverts en soirée, l’un dit « gourmand », l’autre « gastronomique », placés sous la houlette du jeune chef colmarien Jean-Paul Acker, au parcours déjà bien fourni. Chef et dirigeants ne cachent pas leur ambition de reconquérir une étoile au guide Michelin. Nicolas Decker l’assure : « Quelques travaux sont à prévoir dans le restaurant gastronomique. » Un havre de trente couverts dont l’atmosphère à la fois chic et intime saute pourtant déjà aux yeux.

Atmosphère luxueuse, mais décontractée

« Aujourd’hui, notre clientèle est à 70 % française. Beaucoup nous découvrent par le biais d’un coffret cadeau, signe que l’établissement a plu, puisqu’on n’hésite pas à l’offrir » aime à rappeler le propriétaire. « La moyenne d’âge de nos visiteurs a aussi tendance à rajeunir » se réjouit de son côté Jean-René Grau. « Et même si nos clients fortunés retrouvent à la Cheneaudière tous les codes du luxe, d’autres, moins habitués à ce type de standing, n’hésitent pas à casser leur tirelire pour s’offrir une nuit dans une Top suite. Ils ne sont pas décontenancés par l’atmosphère certes luxueuse, mais décontractée. » À noter d’ailleurs que l’établissement accueille de nombreuses demandes en mariage. Au point d’avoir imaginé, pour suivre un mouvement qu’ils n’ont pas initié, des scénarios dédiés dans certaines chambres, voire prochainement un site internet. Sur quelques tables du restaurant gourmand, un dispositif secret, que le convive peut actionner via un bouton discret, permet d’escamoter un petit objet… de la taille d’un écrin à bijou ! Pour penser à ce genre de détail, Nicolas Decker et Jean-René Grau le savent : il faut certes un peu d’imagination et l’appui d’une bonne équipe. Mais surtout, savoir écouter ses clients.


La Cheneaudière – Hôtel et spa 5*
7, rue du Vieux-Moulin à Colroy-La-Roche
03 88 47 23 16 (spa) / 03 88 47 23 16 (hôtel)

www.cheneaudiere.com


Par JiBé Mathieu
Photos DR