Celtic, l'eau d'ici

Quand Édouard Meckert, fondateur du Moulin des Moines et pionnier du bio, reprend l’entreprise Celtic en 1999, c’est avec la louable intention de sauvegarder une eau minérale qui appartient au patrimoine naturel local. Vingt-cinq ans plus tard, après de lourds investissements, l’usine de Niederbronn-les-Bains met son savoir-faire industriel au service de ses valeurs environnementales. Avec en point d’orgue le retour de la consigne.

Nicolas Meckert ©DR

L’eau nature
« Quand mon père a repris l’usine en grande difficulté, il a d’abord voulu pérenniser la source », explique Nicolas Meckert, l’actuel PDG de Celtic. Un nouveau puits de 40 mètres de profondeur a été foré à l’arrière du parc qui entoure l’usine. « La seule source du Bas-Rhin est située au coeur du parc naturel régional des Vosges du Nord, soit 2 000 hectares de forêt protégée par le statut de Réserve mondiale de biosphère. Aucune activité humaine ne viendra jamais polluer ce site. » Fidèle à la nature de son eau minérale, Celtic s’est toujours refusée à la « pimper » avec des goûts artificiels. « Notre gamme se décline en trois variétés : nature, légèrement pétillante et fortement pétillante » détaille Alain Andreolli, son directeur marketing. Même le gaz peut s’enorgueillir d’une origine naturelle, puisqu’il provient d’une source volcanique, située dans le parc national de l’Eifel en Allemagne. 

Le plastique c’est pas fantastique
Celtic est aussi engagée dans une démarche écoresponsable pour ses bouteilles. Elle a été la première à utiliser un plastique PET d’origine 100 % recyclée et recyclable, respectueux de l’environnement. Cette ligne d’embouteillage a été entièrement rénovée et automatisée en 2019 grâce à un investissement de 3 millions d’euros. La production a augmenté, tout en diminuant largement ses consommations d’énergie. « Pour préserver la pureté de la source, nous avons l’autorisation de soutirer 10 m3 d’eau par heure, précise Nicolas Meckert. Aujourd’hui, nous ne dépassons pas 4 m3. Parce que notre philosophie a toujours été de trouver un équilibre entre une production responsable et ce que la nature nous offre. »
Parce qu’elle transforme elle-même les préformes de PET en bouteilles, l’usine Celtic s’est aussi lancée dans la fabrication de bonbonnes en plastique consignées de 11 et 18,9 litres. Un marché des grands formats qui ne cesse de croître depuis quinze ans pour alimenter les entreprises et les lieux publics en fontaines à eau, plus responsables et plus écologiques. « Nous avons notre propre équipe de techniciens pour l’entretien de ces fontaines dans le Grand Est », confie Alain Andreolli. 

Celtic forte en caisse ©DR

Le cycle de l’eau
Pour cette famille d’écolos convaincus, il fallait aller plus loin dans la démarche de réduction des emballages et de l’impact de son activité industrielle. La bouteille en verre, utilisée de longue date par Celtic, devait elle aussi retrouver un modèle industriel et commercial plus vertueux. Trois millions d’euros et de lourds travaux ont permis d’installer cette seconde ligne dernier cri pour l’embouteillage des bouteilles en verre consignées. « Il a fallu ouvrir entièrement la façade de l’usine et créer un chemin d’accès pour faire entrer l’unité de lavage, mais les résultats sont là : 80 % d’eau économisée en phase de lavage des bouteilles, et une révolution en matière d’économies d’énergie pour un process industriel qui a permis d’augmenter la production de 30 %. » 

Dans un ballet bien réglé, la nouvelle ligne produit 6 000 bouteilles à l’heure. De l’entrée de la bouteille vide sur la ligne jusqu’à sa nouvelle vie de bouteille pleine de 0,5 ou 1 litre, il s’écoule 25 minutes. Entièrement déshabillée de son bouchon et de son étiquette en matières recyclées, la bouteille en verre estampillée Celtic est nettoyée, stérilisée, inspectée, remplie, bouchonnée, étiquetée et remise en caisse pour une livraison chez les grossistes, en points de vente bio et dans quelques grandes surfaces locales. « Nous avons un stock de deux millions de bouteilles qui nous appartiennent, renouvelées à hauteur de 10 % chaque année, pour remplacer la casse et les non retours » explique Nicolas Meckert. « Nous remettons sur le marché des bouteilles parfaites car elles participent à notre image de marque. Nous avons trouvé une place à part sur le marché des eaux minérales, avec un produit de qualité supérieure, respectueux de l’environnement et sans compromis sur la pureté de l’eau. »

Bouteilles Celtic ©DR

Le dynamisme de la consigne
En Alsace, la consigne a toujours existé et elle a de nouveau le vent en poupe, en étant en phase avec les préoccupations écologiques des consommateurs. « Sur le secteur de l’hôtellerie-restauration et l’événementiel, nous avons la chance d’avoir une quinzaine de dépositaires de boissons, comme Adam Boissons, MD Boissons, ou La Halle aux Vins, qui livrent nos palettes de bouteilles consignées et récupèrent les casiers vides pour nous les retourner. Depuis quelques années, nous constatons aussi l’engouement des particuliers pour la consigne grâce à des nouveaux venus comme Click’n Schluck, Le Fourgon, ou YSE, qui proposent la livraison à domicile de boissons locales. » Pour approvisionner la grande distribution partout en France – essentiellement dans les magasins bios –, Celtic profite des livraisons du Moulin des Moines pour optimiser le transport de ses bouteilles.

L’eau des reins
Vingt millions de bouteilles Celtic s’écoulent chaque année en France, et la marque réalise 40 % de ses ventes à l’export. Avec l’un des plus faibles taux de sodium en Europe, elle est recommandée pour la préparation des biberons et a une action bénéfique sur les problèmes vasculaires, l’hypertension et les problèmes rénaux. En alsacien, on appelle d’ailleurs cette eau « nierewasser », l’eau des reins. Les Celtes furent les premiers à découvrir ses bienfaits. Puis les Romains, qui établirent ici une première station thermale, avant son âge d’or dans les années 1920. La source renoue d’ailleurs avec son passé thermal avec l’inauguration, le 22 septembre, de la buvette entièrement rénovée, dans le parc à proximité de l’usine. « La ville de Niederbronn-les-Bains est propriétaire du foncier de la source, nous n’en sommes que l’exploitant, ce qui nous vaut l’obligation de mettre à disposition de la population un point d’accès gratuit à l’eau. » 

On vient ici pour se ressourcer, pour profiter de la beauté du parc, mais aussi pour regonfler ou recharger son vélo et faire un pique-nique, car on est au coeur d’un beau réseau d’itinéraires cyclables. Le coin est aussi connu des amateurs de randonnées et les plus courageux poussent l’ascension jusqu’au buste de la déesse Liese – bienfaitrice de la source Celtic – sculptée dans un rocher par les Celtes. On raconte que les jeunes filles montaient sur ce bloc et se laissaient glisser à terre, avec l’espoir que la déesse les rende fécondes ou fasse tomber sous leur charme les garçons qu’elles désiraient. Les couples en mal d’enfants déposent encore régulièrement des offrandes à cette déesse de la fertilité. Les autres dégustent une tarte de saison et se rafraîchissent d’une eau Celtic au chalet du Wintersberg, géré par le Club vosgien.


Celtic
58, route de Bitche
Niederbronn-les-Bains

www.eauceltic.com


Par Corinne Maix
Photo DR