Ariodante

© Sarah Martinon

Après avoir révélé au public alsacien la virtuosité du Polifemo de Nicola Porpora la saison passée, c’est désormais son grand rival à la cour de Londres qui est à l’honneur à l’OnR : Georg Friedrich Haendel. En 1735, les deux compositeurs étaient en effet de farouches adversaires ; et cet antagonisme donna lieu à la création d’oeuvres mémorables – Ariodante fut d’ailleurs joué en même temps que Polifemo dans les théâtres de la ville. Tiré d’un épisode d’Orlando furioso, la fameuse épopée chevaleresque de l’Arioste, Ariodante n’évoque pourtant pas la magie ou les créatures fantastiques, mais des personnages profondément humains, dont les passions flirtent avec la monstruosité. Partant de cette dimension psychologique forte, la metteuse en scène hollandaise Jetske Mijnssen fait de la cour du roi d’Écosse dépeinte dans le livret d’Antonio Salvi une seule et même famille royale, rongée par la loi du silence, les secrets et les jalousies. Grand spécialiste de la musique baroque, Christopher Moulds dirige ce huis clos haletant, avec dans le rôle-titre la jeune mezzo-soprano française Adèle Charvet, que les spectateurs de l’OnR connaissent bien après son interprétation poignante d’Hélène Berr en 2023. Ariodante est un opéra rayonnant, empreint d’une profonde expressivité et d’une intense émotion, qui oscille entre des airs de bravoure éblouissants et des lamenti bouleversants, parmi lesquels se trouve sans doute l’un des plus beaux de Haendel, « Scherza infida ».


Du 5 au 15 novembre
Opéra national du Rhin
operanationaldurhin.eu


Par Aurélie Vautrin