Exposition : Muette, la carpe ?
En 1878, Émile Gallé produit son chef-d’oeuvre "Le Vase à la Carpe", devenu emblématique des collections du Musée du verre de Meisenthal et la pièce maîtresse de l’exposition "Muette, la carpe ?" jusqu'au 30 décembre.
Notre nouveau hors-série, cette fois-ci consacré à l’artisanat dans l’Eurométropole de Strasbourg est sorti : portraits d’artisan.e.s, reportages, interviews… 130 pages où créatrices et créateurs locaux nous prouvent qu’un autre mode de vie (et de ville) est possible. Disponible en lecture sur Internet et, dès à présent, en diffusion à Strasbourg.
Chez Zut, depuis nos débuts – vérification faite depuis le 1er numéro –, nous racontons régulièrement les artisan.e.s et leur savoir-faire, à travers des reportages et des portraits. Mais il aura fallu quelques années pour formuler ce qui se cachait derrière ces mises en lumières.
Évidemment, la raison d’être de ce magazine est de porter un regard décalé (et journalistique !) sur une ville ou un territoire, et donc forcément d’exposer ses talents. Mais au-delà de nobles intentions, nous nourrissons quelque chose de l’ordre de la fascination pour « l’intelligence de la main », celle que nous n’avons pas en tant que journalistes, rédactrices et rédacteurs. Nos bras, nos mains, nos doigts viennent inscrire ce que nos cerveaux pensent. Notre matière est humaine, elle n’est palpable que dans l’échange, dans l’écoute ou encore la lecture. Il nous faut des mots, portés par quelqu’un.e. Faire notre travail est impossible sans l’altérité.
Or, l’artisan.e est en confrontation directe et quotidienne avec la matière : sa production pourrait se passer de mots. Elle ou il se saisit de son outil et fait, défait, reconstruit, déconstruit et ce faisant, nourri.e certes par la théorie, fabrique sa propre pratique, un langage singulier et surtout, un objet fini qui porte sa trace. C’est peut-être là que se trouvent nos points communs : nous produisons un magazine, un objet qui porte des traces.
Il nous est important d’écrire sur l’artisanat. Il parle de la femme et de l’homme, il recèle une histoire, des savoir-faire, des gestes, des outils qui, à l’heure du tout numérique, nous aident à rester ancrés. L’artisanat porte en fait toutes les valeurs que nous défendons : le circuit court, la confiance, le temps, le besoin de transmission, la relation humaine avec tout ce qu’elle suppose de bancal et d’impalpable, le droit à l’erreur et à l’imperfection.
Alors quand Caroline Gomes, chargée de l’artisanat et du développement local à la Ville et l’Eurométropole, a eu cette idée de créer un hors-série en partenariat précisément sur ce sujet, ce fut – au-delà de l’excitation – l’évidence. Près de 130 pages dédiées aux artisan.e.s d’ici, des heures et des heures d’entretiens et de discussions à bâtons rompus sur notre besoin de remettre du sens là où la surconsommation a laissé du vide.
Derrière ce projet, il y a l’intention claire de montrer les richesses et diversités de l’artisanat, de faire rayonner l’Eurométropole de Strasbourg, de défendre les artisan.e.s, pourquoi pas de susciter des envies auprès des jeunes générations qui ne nous auront heureusement pas attendus.
Il y a l’idée de montrer que d’autres manières de faire, de consommer et de travailler sont possibles.
Hors-série Zut L’artisanat dans l’Eurométropole de Strasbourg disponible en lecture sur Internet,
disponible très bientôt à la Vitrine Zut | 14, rue Sainte-Hélène | Strasbourg.
Par Cécile Becker
Photos Clémence Viardot