« Gamin, j’étais traqueur, on revenait à 16h30 de la chasse pour se réchauffer avec du civet en sauce et des spätzle. Cette sauce, c’est l’odeur de la forêt, c’est la cuisine que je revendique. Quand je prépare le lièvre à la royale, c’est le dimanche ou le lundi quand le resto est vide, j’ai besoin d’une concentration absolue. »
Et pour cause : au Bistrot d’Antoine, une fois la bête désossée et vidée, la chair est abaissée, parsemée de sauge, roulée autour d’un boudin mêlant trompettes de la mort, chanterelles, abats, lard de Colonnata et foie gras. Enrobée de crépine puis d’un torchon, elle rejoint ensuite pour 10 heures (!) un bouillon d’os concassés, vin blanc, vin rouge, garniture aromatique, oignon et ail pour être resserrée par un second torchon et par un passage en chambre froide, avant d’être réchauffée au four puis de se voir nappée par sa sauce et auréolée par la puissance d’une truffe blanche d’Alba dont l’odeur embaume la pièce en un rien de temps.
Cette version périgourdine, fruit défendu d’Escoffier, sortie du placard par l’immense Alain Senderens au Lucas Carton et vertement adorée par le boutefeu David Rathgeber de L’Assiette à Paris, fait honneur à la cuisine authentique et gourmande du Bistrot d’Antoine. On y trouve au passage blanquette de veau, daube de paleron de bœuf ou poule au pot.
Prochaine étape pour parfaire cette recette de haute volée : dégoter du lièvre de Beauce pour remplacer son compère certes galopant, mais briton. Comptez 50 € pour rendre justice au colossal travail du cuisinier.