Exposition : Muette, la carpe ?
En 1878, Émile Gallé produit son chef-d’oeuvre "Le Vase à la Carpe", devenu emblématique des collections du Musée du verre de Meisenthal et la pièce maîtresse de l’exposition "Muette, la carpe ?" jusqu'au 30 décembre.
L’association Accélérateur de particules poursuit son opération Les Ateliers Ouverts pour un second week-end. Les 21 et 22 mai, le public peut découvrir les coulisses de 132 ateliers d’artistes, répartis dans toute l’Alsace. Après s’être entretenu avec la dessinatrice Olivia Benveniste, Zut a visité l’atelier de Madame B., brodeuse de mode et chineuse à la Trezorerie à Strasbourg.
Nichée au fond d’une cour de la rue du Fossé des Treize, La Trezorerie est à l’abri des regards. Ce nouvel espace collaboratif, dédie à la valorisation des collections privées et du patrimoine collectif, profite des Ateliers Ouverts pour se lancer en grande pompe. Autour d’Alain Berizzi et Nathalie Berizzi-Graux gravitent collectionneurs, brocanteurs et artisans pour parler de leurs collections personnelles. Madame B. (comme Berizzi) l’inaugure avec ses créations : des vêtements brodés, parfois imprimés, ornés de pièces chinées.
Dans un coin du local, une commode vintage attire notre attention. Sous sa vitrine, on distingue des dizaines de bocaux remplis de perles, de pierres et de boutons. Les tiroirs débordent d’une multitude de tissus. « J’ai accumulé des choses précieuses, de la passementerie, des choses qui venaient de salles de spectacle, de théâtres », confie-t-elle. Au-delà d’une simple collection, Nathalie Berizzi-Graux aspire à « rendre [ces matériaux] actuels en les sortant de l’oubli », comme pour leur « rendre justice ». De A à Z, l’artiste reste seule maître du processus de création : couture, impression, brossage et cirage du tissu, c’est elle qui s’en charge. Sont privilégiées les étoffes qui témoignent d’un vécu, qui portent « des imperfections, la trace de la main qui l’a cousue ou des raccommodages ».
Arrière petite-fille de modiste et petite-fille de couturière, la passion pour la collection apparaît dès l’adolescence. « J’ai toujours chiné des objets, tissus et textiles anciens […] je faisais aussi les friperies, de la récupération », affirme-t-elle. Son inspiration, Madame B. la puise dans son histoire familiale, les contes pour enfants et les textes d’Alain Bashung. Une atmosphère « assez noire », selon elle, qui contraste avec les couleurs apportées par les perles et les paillettes. La brodeuse s’inspire aussi d’anciennes revues de mode qu’elle chine, pour réutiliser des dessins et séries qui la touchent. « Faire du neuf avec du vieux », résume-t-elle.
Pour cette ancienne étudiante de l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg, les Ateliers Ouverts sont aussi l’occasion de prendre du recul et d’échanger autour de ses créations. « On travaille souvent en coulisses, sans avis. Avoir pu parler avec tant de gens bienveillants et curieux m’a permis d’y voir un peu plus clair dans mon travail », explique-t-elle. Pour la première fois, elle observe ses oeuvres de loin, exposées aux yeux de tous. « J’ai souvent le nez dans mon travail, avec une lumière forte. Quand on est constamment dans son petit univers, on perd la notion de ce que l’on crée ». À l’arrivée, tout le monde y gagne.
L’atelier de Nathalie Berizzi-Graux est ouvert les 21 et 22 mai à La Trézorerie, 35 rue du Fossé des Treize à Strasbourg. Site internet : https://lebaldemadameb.fr/
Par Robin Schmidt