Exposition : Muette, la carpe ?
En 1878, Émile Gallé produit son chef-d’oeuvre "Le Vase à la Carpe", devenu emblématique des collections du Musée du verre de Meisenthal et la pièce maîtresse de l’exposition "Muette, la carpe ?" jusqu'au 30 décembre.
Dans le cadre de L’Industrie Magnifique, le Cosmos District, village provisoire regroupant une galaxie de propositions artistiques et scientifiques imaginées par l’Osophère et Vivialys, a été scénographié par CNb.archi. Allons un peu plus près des étoiles avec le binôme qui pilote l’agence.
Construire une éphémère station lunaire au pied de la cathédrale, en plein centre historique de Strasbourg : un acte à la fois respectueux du contexte et audacieux signé CNb.archi.
Le tandem à la tête de l’agence, Guillaume Christmann et Xavier Nachbrand, dès son diplôme à l’ENSAS (2006-2007), a planché sur la notion dans l’air du temps d’“architecture renouvelable”. Le duo expérimente alors le concept d’archi modulable lors d’événements : Nuit blanche à Metz ou festivals au Molodoï à Strasbourg, toujours avec les préceptes de Yona Friedman – inventeur de l’utopiste ville spatiale – à l’esprit. Depuis 2009, Guillaume et Xavier proposent des espaces à habiter et à vivre ensemble lors des éditions des nuits électroniques et numériques produites par L’Ososphère, notamment en utilisant des matériaux de récup’.
D’une seule voix : « Les expériences que nous y menons nourrissent largement, d’une manière plus ou moins évidente, les programmes plus conventionnels sur lesquels nous travaillons. » Rénovation énergétique d’une copropriété de 220 logements à l’Esplanade, transformation d’un ancien magasin en la brasserie Le Meteor, rue du 22 Novembre, ou reconversion d’une friche industrielle messine en tiers-lieu (Bliiida)… Actuellement, CNb.archi s’apprête à réaliser un biergarten culturel estival à la Citadelle strasbourgeoise.
Le duo n’a pas enfilé ses combinaisons de la NASA pour étudier le site du Cosmos District, mais il l’a étudié, ressenti, interrogé. « Cette parcelle de ville qui semble figée, muséographié, va du Xe au XIXe siècle, par strates. Une intervention réversible comme la notre permet de propulser une énergie contemporaine sans marquer au fer rouge la plus belle place de la cité », se réjouissent Guillaume et Xavier, tournant leurs yeux vers le Palais Rohan, le musée de l’Œuvre Notre-Dame ou la cathédrale lui faisant face. Étude des lignes de fuite, analyse des masses, écoute attentive des besoins de la direction artistique de Thierry Danet d’Ososphère… Afin de remplir leur mission (to Mars), ceux qui affirment « être des architectes engagés, pas des prestataires » ont tenu compte de tous les paramètres pour ensuite placer les différents éléments : fameux containers Ososphère (qui les suivent depuis douze ans) abritant des œuvres numériques ou plastiques, pavillon voulu comme un observatoire du non tangible et de la matière cosmique, igloo transformé en station radio, vaisseau spatial TKS soviétique des seventies ou habitat autonome fonctionnel adapté aux conditions extrêmes.
Toutes ces pièces hétéroclites, parfois customisées à l’aide de panneaux photovoltaïques et autres matériaux réemployés, composent une voie lactée dominée par une rampe de lancement minimaliste conçue par CNb.archi à partir d’un simple grill de structure en aluminium peint en rouge. Elle épouse la forme de la cathédrale dont la flèche que l’on suit du regard nous mène aux étoiles.
Cosmos District, à visiter jusqu’au 13 juin place du Château à Strasbourg, dans le cadre de L’Industrie Magnifique.
Par Emmanuel Dosda