Le samedi, c’est jour de marché à Neudorf. Depuis le mois de septembre, le quartier s’est doté d’un autre point névralgique qui draine, quasiment chaque week-end, son lot de visiteurs parfois munis de cabas d’où peuvent dépasser quelques poireaux : le 22, chaleureuse galerie d’art sise au pied d’un immeuble de la rue de la Grossau jouxtant un cabinet d’assurances. L’endroit, plutôt cocoonesque, accueille artistes et artisans sélectionnés par Chantal Delarchand, propriétaire du lieu.
« Ce que j’adore, c’est de se faire rencontrer les gens », avoue-t-elle. Renseignements pris, notre entremetteuse se destinait initialement à être démographe. Finalement, elle a eu cinq enfants, dirigé une conciergerie pour les nouveaux arrivants à Strasbourg, aidé par moments son époux assureur à la comptabilité avant d’avoir une expérience pas très heureuse à la tête d’une franchise de hard discount. Un bilan de compétences plus tard, elle se lance dans cette activité. « Je n’ai pas la prétention de dire que je suis galeriste », lâche Chantal Delarchand. Qui avance donc sur la pointe de ses Stan Smith, en checkant Instagram sur son téléphone, à l’affût de créateurs ravis de trouver refuge chez elle en cette période où art et culture figurent sous cloche en raison de la crise sanitaire. Sans pression financière, puisque l’espace lui appartient, et en reversant une partie de ses recettes sur les ventes réalisées à l’association Coeur de Clown qui intervient auprès d’enfants hospitalisés et de personnes en situation d’handicap.
Une véritable aubaine pour tous ceux, déjà privés de marchés de Noël, et tout simplement de visibilité. Les illustrateurs Olivier Deichtmann et Guy Untereiner, le coutelier d’art Michaël Lorazo, le jeune peintre-graffeur Louis Rosenthal, pour ne citer qu’eux, n’ont ainsi pas hésité à investir le 22.