Radhouane el Meddeb a ici opté pour une démarche tout en finesse.
À Strasbourg, on a déjà vu de lui plusieurs pièces : Au temps où les Arabes dansaient ou Heroes, où il s’inspirait de langages chorégraphiques plus populaires (danse folklorique et hip hop), à sa singulière façon, à la fois radicale, exigeante et émouvante, ou À mon père, une dernière danse et un premier baiser, solo vibrant et mystérieux.
Point commun : fouiller, dans un langage formellement radical et avec une approche très sensible, le terreau qui nous constitue en tant qu’individu. Et, à chaque fois, s’approprier une gestuelle qui n’est pas la sienne.
Ici encore, Radhouane el Meddeb se glisse dans un langage qui n’est a priori pas le sien : celui de la danse classique, qu’il conserve « car il est beau, et peut encore nous raconter aujourd’hui. » On retrouve quelques bribes de tutus dans les sublimes et délicats costumes créés par Celestina Agostino, comme « des traces d’un ballet révolu ».
Pour le reste, il s’agissait pour le chorégraphe de dépoussiérer le ballet pour le rapprocher de nous. « J’en ai dépoussiéré la dramaturgie, nous explique-t-il, l’incarnation de la danse classique, les attitudes de cette danse bourgeoise qui ne correspond pas à notre monde contemporain. »