Kaoutar Harchi : tu viens de Stras, toi ?

Sociologue et écrivaine, Kaoutar Harchi a fait de l’identité et de la littérature ses terrains de recherche. Son histoire strasbourgeoise est d’ailleurs relatée dans son dernier ouvrage, Comme nous existons (Actes Sud), récit autobiographique entre espoirs d’ascension et désir d’écriture, pour un avenir plus égalitaire. 

Kaoutar Harchi
Sociologue et écrivaine, Kaoutar Harchi a fait de l’identité et de la littérature ses terrains de recherche. Emmanuelle Le Grand

Son parcours strasbourgeois
J’ai grandi jusqu’à mes 20 ans dans le quartier de l’Elsau. Après une double licence en Sociologie et en Lettres à l’Université Marc Bloch, j’ai quitté Strasbourg pour suivre un Master 2 à Paris.

Sa révélation
La découverte du centre-ville quand j’ai intégré un collège privé strasbourgeois. Je me souviens de notre étonnement, à la pause déjeuner avec mes camarades issus des quartiers populaires, devant certaines boutiques et des prix affichés. Ça nous semblait fou ! Nous avions un sentiment de marginalité teinté d’arrogance. C’était pourtant une période très joyeuse !

Son jeu préféré
Se faire passer pour des touristes dans notre propre ville ! On était aussi observateurs que commentateurs et on s’amusait à interroger les passants dans une langue que nous apprenions à l’école ! On s’installait au pied de la Cathédrale, un lieu qui se prête à la rencontre des mondes.

Son refuge
La bibliothèque municipale [aujourd’hui Médiathèque Olympe de Gouge, NDLR] que j’ai d’abord arpentée seule puis avec une amie, et qui est devenue un refuge par temps de pluie et de grand froid ! J’y ai lu des livres puissants et fondateurs, comme La Vagabonde de Colette ou l’ouvrage de sociologie Cœur de banlieue : codes, rites et langages de David Lepoutre. Il fallait lire en silence et je trouvais ça génial !

Son QG
La place des Halles ! J’y a vraiment vécu mes amitiés et y ai aussi découvert ma féminité. Le McDo et les espaces de détente ont été le théâtre de longues heures à refaire le monde avec mes copines. Mais c’est aussi le lieu des premières questions autour de l’apparence et du corps… De précieux souvenirs.

Ce qui lui reste ici ?
Ma famille. Je reviens environ une fois par mois à Strasbourg. J’y ai pris de nouvelles habitudes. J’aime me poser pour travailler à la terrasse du Trolley et au Café Brant, par exemple. Je vois cette ville évoluer et c’est très agréable. 


Comme nous existons, éditions Actes Sud


Par Caroline Lévy
Photo Emmanuelle Le Grand