Sarajevo contre l'oubli

La Vitrine Chicmedias propose une rencontre avec la photographe Sophie Dupressoir, vendredi 16 octobre et samedi 17 octobre au 14 rue Sainte-Hélène à Strasbourg, autour de son livre Sarajevo, vingt après.  

Si loin, si proche. Entre 2011 et 2015, Sophie Dupressoir est allée régulièrement à Sarajevo. L’appareil en bandoulière à la découverte d’une ville qui tente, tant bien que mal, de se reconstruire, vingt ans après la guerre de Yougoslavie, pour un travail de documentariste au long court. Membre du studio Hans Lucas, la photographe strasbourgeoise reconnait avoir sans doute voulu évacuer « un fond de mauvaise conscience » de ce conflit qu’elle avait d’abord suivi de loin. « Il y avait ce mélange de curiosité et d’attraction professionnelle de savoir ce qu’avaient vécu les plus grands photographes de guerre », reconnait-elle.

Vingt après avoir subi un terrible siège qui dura presque quatre ans, sous les bombes de l’armée serbe campée sur les hauteurs de la ville pour un bilan de plus de 11 000 morts dont des milliers de civils, la capitale de la Bosnie-Herzégovine présente des cicatrices encore béantes de cette tragédie. Dans ce décor désolé, Sophie Dupressoir est allée à la rencontre de la population. Au pied de barres d’immeubles perforés, à la lisière des nombreux cimetières qui entourent la ville et dans des intérieurs désuets, les impressions de survie, de débrouille et de solidarité rejaillissent de ses clichés en noir et blanc. Comme la rude réalité d’une hypothétique reconstruction. Comme si le quotidien des Sarajéviens ne parvenait à se défaire du martyr au coeur des Balkans.  

« C’est un conflit qui a été au centre des préoccupations européennes et de l’agitation médiatique au moment du siège avant de tomber dans un profond oubli aujourd’hui. J’ai ressenti ce sentiment d’abandon de la part des habitants de Sarajevo qui aimeraient être mieux considérés par l’Europe », poursuit-elle. La légendaire diversité culturelle et religieuse de la  « Jérusalem de l’Europe » reste également en proie à une crise économique et institutionnelle aux issues toujours incertaines. De cette histoire en suspens, les photos de Sophie Dupressoir constituent un témoignage salutaire et sensible contre l’oubli.

Rencontre avec Sophie Dupressoir à la Vitrine Chimedias, 14, rue Sainte-Hélène à Strasbourg, autour de Sarajevo, vingt ans après (Le souffle court), vendredi 16 octobre de 17h à 20h et samedi 17 octobre de 10h30 à 12h30 et de 13h30 à 17h30.

Par Fabrice Voné