Architecture du son et leggings
De son studio maison, situé dans la périphérie de Mulhouse, à Sausheim – à deux pas de l’église où son grand-père était organiste –, sans forcément titiller l’expérimentation, il accumule les essais, les sons et a déjà de quoi alimenter deux prochains albums. Il a toujours des idées bien précises en tête et aime se poser des contraintes. Là ce sera n’utiliser que des guitares électriques, plus loin, sonder la musique électronique. La constante, c’est l’envie de poncer les angles, pousser les extrêmes, « polir le morceau », aller au bout de ses idées en le faisant aussi sérieusement que les délires qui les accompagnent. Ce qu’il préfère, c’est ça, le processus de création. Alors oui, KG porte des leggings, est tout nu sous son perfecto en cuir et aime chanter devant un ventilateur, de préférence, sur le toit d’une voiture. Mais KG, c’est aussi une discographie longue comme le bras débutée avec un EP éponyme qui a notamment tapé dans l’œil du créateur du label new-yorkais Captured Tracks au point de rééditer plusieurs de ses singles sur une compilation sortie en 2017 dans le cadre d’une collection dédiée aux raretés shoegaze. Mais bizarrement, la mayonnaise n’a jamais pris. « Une série d’actes manqués », dira Rémy Bux, de rencontres qui ne se sont pas faites et de communication bricolée à la va-comme-je-te-pousse.
Au fond, ça lui conviendrait presque : « Il y a toujours le fantasme rockstar qui traîne quelque part, mais j’aurais perdu trop de libertés. Quand tu as le succès, tu ne peux plus l’arrêter, c’est une machine qui s’emballe et que tu es obligé de nourrir. Je n’ai pas la notoriété que j’espérerai mais j’ai une liberté totale. Si j’ai envie de faire un morceau où je pète dans mon micro, je le fais. Ça a quand même plus de prix que de faire le malin et de ne plus toucher terre. » Ce qui lui importe c’est d’être diffusé, la qualité musicale, et surtout, de sortir du banal. L’originalité, le décalage, les marges, toujours. Le reste n’est que littérature. « Autant que la blague aille le plus loin possible. »
— KG,
Jesus Weint Blut, Herzfeld
Par Cécile Becker
Photo Christophe Urbain
Article extrait de Novo N°59