[Culture chez nous]
Une lecture de Stanislas Nordey

Pour Zut, le directeur du Théâtre National de Strasbourg a enregistré ce texte qui lui semble résonner particulièrement avec cette période en tout point singulière.

Stanislas Nordey, comédien, metteur en scène, directeur du Théâtre National de Strasbourg. Portrait de Pascal Bastien
Photo : Pascal Bastien

Boulimique passionné de littérature, Stanislas Nordey a choisi de partager un extrait du Livre de Monelle de Marcel Schwob, écrit en 1894 (publié chez Allia).
Conteur, poète et traducteur proche des surréalistes, Marcel Schwob écrit notamment une série de contes à la limite du poème en prose, qui inspireront par leurs formes des œuvres plus reconnues que les siennes, comme Les Nourritures terrestres d’André Gide ou As I lay Dying de William Faulkner. Jorge Luis Borges reconnaîtra d’ailleurs sa dette envers Marcel Schwob. De santé très fragile, il mourra prématurément, à l’âge de 37 ans.
En un long discours poétique aux accents prophétiques, la prostituée Monelle ouvre quelques pistes pour l’homme de demain, rejetant notamment la vérité au profit du songe, appelant à jouir du moment, ne redoutant pas la mort mais imaginant la destruction et l’oubli comme conditions d’une vie nouvelle.

Pour Stanislas Nordey, cet extrait est « un texte sur la possibilité du deuil, sur l’ouverture possible de nos sociétés à une autre façon de considérer le lien entre la nature et l’humanité – tout naît et tout meurt –, qui dédramatise le passage d’un état à un autre, et nous replace dans la chaîne du vivant ».
Déjà dans le portrait que nous lui avions consacré dans le magazine à l’automne 2014, alors qu’il prenait la direction du TNS , il citait cet ouvrage comme son livre de chevet.

“Quel livre revient régulièrement sur votre table de chevet ?
Le Livre de Monelle de Marcel Schwob. Certains ont besoin de la Bible pour avoir des réponses sur les chemins de vie. Ce livre est un texte sublime sur le métier de vivre.“


> À lire aussi sur le site de Zut
Entretien croisé Stanislas Nordey / Édouard Louis à propos du spectacle Qui a tué mon père

#TNSChezVous
Via sa page Facebook, le TNS rassemble une série de propositions artistiques en mode confiné, et notamment des lectures de textes par ses artistes associés. On peut ainsi entendre les comédien.ne.s Valérie Dréville (Villa du Danube de Heiner Müller), Nicolas Bouchaud et Marie Vialle (La Révolution du féminin de Camille Froidevaux-Metterie) et Audrey Bonnet (Pylade de Pier Paolo Pasolini), ainsi que les metteurs en scène Christine Letailleur (Les Lieux de Marguerite Duras) et Julien Gosselin (L’Homme atlantique, de Marguerite Duras également). Toutes les lectures sont à écouter sur le compte youtube du TNS.
On trouve également d’autres propositions, comme des captations de spectacles (le Henri VI de Thomas Jolly, 18h de spectacle découpées en épisodes, à binge-watcher comme une série)