Certains ont pu avoir la sensation de ne plus avoir de prise sur leurs pensées, leurs vies personnelles, ont questionné leur rapport au travail, au monde, sans pouvoir trouver de véritable réponse. Pourquoi ?
Dr Riedlin : Cela vient de la possibilité de pouvoir réfléchir sans pour autant avoir la capacité d’agir. Le rapport à l’acte a été différent pendant le confinement, difficile de changer de travail ou de divorcer par exemples, et nous en subissons probablement encore les effets.
Toutes ces réactions, aussi antagonistes soient-elles, ne viennent-elles pas du frottement entre histoire collective et histoires intimes ?
Dr Freymann : Cela a un rapport entre les deux. L’individuel et le collectif ont été noués. Et surtout les fantasmes d’immortalité des êtres parlants ont été démontés.
Dr Riedlin : Nous entendons souvent cette phrase : « Si j’avais vécu pendant la Seconde Guerre mondiale, j’aurais été résistant. » Là, d’un coup, la question s’est posée de savoir justement, quelle position nous prenons et qu’est-ce que cette position signifie pour chacun de nous, mais pour compliquer l’affaire, il ne s’agissait pas de résister face à une idéologie meurtrière, mais pour la santé de tous.
Dr Freymann : Ainsi nous préparons en ce moment le colloque sur le fantasmes, mythes, traumatismes qui pose aussi cette question : « Qu’est-ce qu’on nous a empêché de vivre pendant le confinement ? ». La réponse est de faire l’amour, se rapprocher, de rester en famille, de faire des festins avec nos proches. Il y aura des conséquences psychiques. Ce qui me frappe le plus c’est que le confinement a été assez bien supporté, le déconfinement quant à lui est une mine à angoisses.