Nouveau coup du destin, il y fait la connaissance de sa future femme, Sylvie-Anne, qui occupe un job de secrétaire de mairie. En 1991, le couple achète ce terrain vierge à l’orée du village, où Johan construit de ses mains une écurie et un premier manège pour créer son centre équestre. L’activité de pension pour chevaux, les cours d’équitation et les colonies de vacances sur le thème du cheval prennent de l’essor. Au point que Sylvie-Anne se forme, elle aussi, comme monitrice. C’est à cette époque que Johan fait à nouveau deux rencontres importantes. « À l’issue d’une colonie, les services sociaux nous ont demandé de garder quelques jours une fillette qui connaissait des difficultés familiales. C’est comme ça que nous sommes devenus famille d’accueil ! » Quelque temps plus tard, un reportage de la BBC sur le chuchoteur de chevaux, Monty Roberts, interprété par Robert Redford au cinéma, lui inspire un formidable déclic. « J’ai dit à ma femme, il faut que je rencontre ce type, qui prône une nouvelle façon d’éduquer les chevaux, sans aucune violence. »
À force de persévérance, il obtient de la « star » américaine une immersion dans son centre de formation en Californie. En l’espace de trois mois, il apprend le langage des chevaux, leur psychologie et s’initie à l’éducation ou rééducation douce des équidés. « Tout ce qu’on demande au cheval va contre sa nature, regrette-il. C’est un grand peureux, un animal de proie qui considère tout ce qu’il ne connaît pas comme un prédateur. Rien de plus effrayant qu’une selle qu’on pose sur son dos pour la première fois ou la montée dans un van de transport, car il est claustrophobe et ses yeux s’adaptent assez mal aux changements de luminosité », explique Johan. Dans un groupe, le cheval obéit à une hiérarchie et tout l’apprentissage de Monty Roberts repose sur cette connaissance fine du comportement et de la psychologie de l’animal. Pas question de le forcer ou de le brusquer, c’est déjà de la maltraitance. Les gestes sont doux et le matériel utilisé ne cause aucune douleur… L’éduquer, c’est simplement l’habituer à l’humain. À force d’observer son comportement naturel, l’éducateur décrypte son langage corporel et adapte le sien pour parler la même langue. Pas question, par exemple, d’avancer vers lui de façon frontale (comme le ferait un prédateur) mais toujours par de longues courbes pour ne pas le surprendre.