TOP 50 —
STRAS' BOUGE TOUJOURS (1-5)

Que ce soit dans la culture, les solidarités, l’environnement et, tout simplement, les préjugés, le champ d’action est large et les idées ne demandent qu’à être expérimentées. Ça tombe bien, à Strasbourg, les initiatives émanent de toutes parts et le travail se fait souvent en commun. Entre lieux de partage, trouvailles culturelles, producteurs engagés et associations agitées, ce sont cinquante initiatives locales sur lesquelles on a voulu donner un coup de projecteur.

Brasserie Perle
© Pascal Bastien

1 — BRASSERIE PERLE

Perle s’affaire à construire sa nouvelle brasserie, non loin du Marché Gare à Cronenbourg. Christian Artzner et Anne Zanger, à l’origine de la renaissance de la brasserie en 2009, ont pensé une brasserie écolo, un bar et un biergarten où l’on pourra déguster une ribambelle de bières (Perle n’étant jamais avare en créations goulues), découvrir la fabrication, profiter de concerts, de DJ sets et d’événements culturels, laisser les enfants gambader, rencontrer des productrices et producteurs du coin, déguster des plats concoctés par des chef·fe·s invité·e·s…

Bref : un lieu de vie mais aussi un outil de travail confortable pour leur équipe. Le processus de création des bières a été affiné pour qu’il soit le plus propre possible. Cette nouvelle brasserie sera totalement vertueuse : biomatériaux pour l’isolation, mélèze des Vosges pour la façade, chambre fraîche naturelle, chaleur générée par la fabrication pour chauffer le bâtiment, silo sur place pour stocker la matière première… Son ouverture est prévue au printemps 2023.

biere-perle.com

 


 

Le quartier COOP en 1940
Le quartier COOP en 1940. © COOP

2 — KALEIDOSCOOP

C’est quoi, vraiment, un tiers-lieu ? Souvent attribué à des fins de marketing à des espaces de travail partagés par des indépendants, de préférence jeunes et de secteurs différents, avec un bar ouvert au public – pour caricaturer un peu –, ce terme galvaudé désigne pourtant une réalité plus désirable : celle d’un lieu qui permet d’oeuvrer, individuellement et collectivement, aux transitions économiques, écologiques et sociales. Kaleidoscoop, qui s’installera à l’automne à la Coop, coche toutes les cases de cette définition.

Porté par la Maison de l’emploi, la Chambre régionale d’Économie Sociale et Solidaire (ESS) et Cooproduction, il accueillera des bureaux partagés par les acteurs de l’ESS (mais pas que), un espace de co-working et un café (évidemment), une boutique avec les acteurs locaux de l’achat responsable (Emmaüs, Envie, Jardins de la Montagne Verte, Relais Est…), des salles événementielles à louer, un centre pour l’activité et l’emploi transfrontaliers, un programme d’animations et d’ateliers sur tous ces sujets, le tout avec une attention particulière portée aux pratiques écoresponsables et en lien avec les habitants du quartier du Port du Rhin. C’est ça qu’on appelait le monde d’après, non ?

3, rue de la Coopérative
kaleidos.coop

 


 

La teinture à l'atelier Bouillons
La teinture végétale fait parmi des nombreux savoir-faire de l'atelier. © Atelier Bouillons

3 ­— BOUILLONS

Dans ces pages, on a déjà parlé d’elles à plusieurs reprises. Bouillons, c’est Laura Conill, Louna Desvaux, Morgane Lozahic et Chloé Stenger. Quatre jeunes designeuses issues de la HEAR, qui empoignent les questions sociales et environnementales pour proposer papiers, tissus, teintures, objets à base de matières naturelles ou recyclées. Comme leur nom l’indique, elles patouillent et ne cessent d’expérimenter, travaillant la terre pour des céramiques du quotidien, imaginant des papiers végétaux, rhabillant du mobilier chiné d’anciens draps teints à l’oignon. Une démarche créative et humble, qui cherche avant tout à donner du sens aux objets, les ancrant toujours dans un territoire, les raccrochant à des usages et des coutumes. Par exemple, en créant un service de céramique avec le sable d’une rivière au bord de laquelle on se retrouvera pour une fête. Qu’elles travaillent à partir de « mauvaises herbes » ou d’émaux de cendres qu’on appelle « émaux du pauvre », leurs projets sont des outils de rencontre avec, comme moteur, la fabrication artisanale.

bouillons-atelier.fr
Instagram : @bouillons.atelier

 


 

Sp3aker est le premier média collaboratif du territoire
Sp3aker est le premier média collaboratif du territoire © DR

4 — SP3AKER

C’est d’abord une rencontre avec le journaliste Nordine Nabili à l’origine du célèbre Bondy Blog qui marque le point de départ de l’association Sp3ak3r (Speaker), avec l’envie de créer un espace d’expression pour les habitants des quartiers populaires strasbourgeois. Né en 2015 au Neuhof et aujourd’hui installé à la Meinau, Sp3ak3r est devenu le premier média collaboratif du territoire qui, en plus d’informer et partager les actus de ces quartiers, multiplie les actions d’éducation aux médias, prépare à l’art oratoire dans le cadre de concours d’éloquence et forme à l’écriture et à la réalisation de courts-métrages. Un studio est également mis à disposition pour enregistrer les groupes ou artistes du coin, mais le média œuvre aussi pour faire vivre la ville en proposant des animations.

Cet été, le crew Sp3ak3r propose une programmation estivale sous forme d’ateliers d’initiation au théâtre et au numérique, mais aussi de projections en plein air avec l’association Les Films du Spectre à Cronenbourg, Hautepierre, la Meinau et au jardin des Deux Rives.

sp3ak3r.eu

 


 

Nouvel espace de vente pour Emmaüs
La surface de vente double de volume chez Emmaüs © DR

5 — EMMAÜS MUNDO À BISCHEIM

Emmaüs Mundo a déménagé et s’est installé dans un espace flambant neuf qui lui permet de doubler sa surface de vente… entre bien d’autres choses. Petit rappel : créée par la communauté Emmaüs de la Montagne Verte, Emmaüs Mundo est une structure d’insertion par l’activité économique, qui propose de l’emploi à des personnes au chômage et « agit comme un tremplin vers l’emploi de longue durée », comme le décrit son directeur, Thierry Kuhn. L’action solidaire comme vecteur de transformation sociale, c’est le moteur d’Emmaüs, qui loin d’être une action de charité, se veut une alternative économique, sociale, écologique à une société de consommation où l’on jette les objets comme les humains.

La structure ne cesse de se développer, et la surface de ce nouvel écrin doit lui permettre d’ouvrir d’ici peu un restaurant solidaire et des ateliers pour remettre à neuf les objets et lutter encore davantage contre le gaspillage : atelier couture, menuiserie, électronique, etc. L’objectif de ce déménagement est avant tout de doubler les emplois en insertion, et de passer de 55 emplois en 2019 à 110 en 2024.

14, rue de l’Atome à Bischheim
Ouverture du mardi au samedi de 11h à 18h
emmausmundo.wordpress.com
Instagram : @emmausmundo


Par Cécile Becker, Sylvia Dubost et Caroline Lévy


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