Les métiers de l'ombre : directeur technique du TNS

Photo : Jean-Jacques Monier par Pascal Bastien
Jean-Jacques Monier est directeur technique du Théâtre National de Strasbourg © Pascal Bastien

Qui ? Jean-Jacques Monier voulait être comédien mais a fini par trouver la lumière… en tant que technicien lumière. « C’est un métier où on commence toujours en haut de l’échelle ! » Après un passage au TNP à Villeurbanne (époque Roger Planchon), il devient directeur technique du TNS à 30 ans seulement. Cet été, l’heure de la retraite sonnera pour lui.

Où ça ? Sur le gril technique de la salle Koltès, à 22 mètres de hauteur… C’est là qu’on accroche les projecteurs ou les éléments de décor. En vérité, Jean-Jacques Monier passe plus de temps devant son ordinateur que dans les coulisses. « Ce sont surtout les régisseurs généraux qui sont sur le plateau. Quand le spectacle arrive, je ne travaille déjà plus dessus. »

C’est quoi, ce travail ? « Une gare de triage. Tous les problèmes se rassemblent là et sont redistribués, si possible avec des résolutions, vers les bonnes personnes ». Un directeur technique, ça s’occupe de l’organisation générale technique des spectacles (créations, accueils et tournées), du bâtiment, de la sécurité du public et des salariés, des chantiers s’il y a lieu. Pour cela, il gère une équipe de 50 personnes.

Photo : Pascal Bastien
© Pascal Bastien

À quoi ressemble le quotidien ? « Ce n’est jamais la même chose et c’est ça qui est passionnant. En général, c’est des emmerdes [rires]. Les problèmes vont de « je ne m’entends pas avec machin » à  « je dois faire rentrer une vache sur le plateau ». Une des qualités d’un directeur technique, c’est de pouvoir être interrompu 30 fois par demi-heure […]. Je fais toujours cette blague : quand quelqu’un vient dans mon bureau avec « j’ai une question », je réponds toujours « la réponse est non ! » » Évidemment, je suis aussi facilitateur. Une compagnie lituanienne étaient venue jouer à l’espace Grüber, il y avait sur scène un réchaud à gaz avec une bouilloire qu’on entendait siffler à un moment précis. C’était impossible, le gaz et l’essence sont strictement interdits sur les plateaux. Alors on a mis un réchaud électrique et il fallait chronométrer pour que l’eau arrive à bonne température au bon moment. »

Un moment de stress ? « Au TNP de Villeurbanne, pendant un spectacle de Lev Dodine. À l’entracte, une des comédiennes n’arrivait plus à sortir des toilettes. J’ai dû défoncer la porte. Ensuite, une canalisation a pété dans le bar. Mais les deux ne sont pas liés ! »

Sans lui, à quoi ressemblerait le spectacle ? « Il y aurait quelqu’un d’autre à ma place. De toute façon, tant qu’il y a un comédien sur le plateau, le spectacle existera ! »

Théâtre National de Strasbourg


Par Sylvia Dubost
Photo Pascal Bastien