Exposition : Muette, la carpe ?
En 1878, Émile Gallé produit son chef-d’oeuvre "Le Vase à la Carpe", devenu emblématique des collections du Musée du verre de Meisenthal et la pièce maîtresse de l’exposition "Muette, la carpe ?" jusqu'au 30 décembre.
L’exposition 4 m2, réalisée par Estelle Hoffert, nous plonge dans des photos aux visages changeants. Derrière ses portraits se cache une histoire d’amitié avec Maurice Noth, un sans-abri décédé il y a un an. L’exposition dure jusqu’au 30 septembre dans l’atelier d’Estelle à Hindisheim et se visite sur rendez-vous.
Maurice Noth et Estelle Hoffert se sont rencontrés il y a 15 ans. Il était sans-abri et elle effectuait un reportage dans des associations d’aide au logement. Le début d’une amitié entre le sexagénaire et la photographe. « Tout n’était pas rose dans sa vie », déclare-t-elle. Estelle ne connaît pas tout le passé de Maurice. Elle sait qu’il vivait dans des univers réduits, entre 5 et 10 m2. Maurice décède le 8 octobre 2021 et laisse derrière lui un grand nombre d’objets et de mystères. Désignée comme personne de confiance, Estelle est chargée de vider sa dernière chambre de foyer. Dans son désordre, elle fait la découverte de cartons remplis de visages de femmes découpés dans des magazines. Le point de départ de la série photo 4 m2 sous forme d’un « hommage involontaire ».
Aujourd’hui, l’exposition prend place dans son atelier à Hindisheim. Elle se compose d’une dizaine de photos et d’une installation au centre de la pièce. Estelle est à la fois photographe et modèle sur cette série. Sur chaque cliché, elle se met en scène avec autant de visages différents qui remplacent le sien. Les portraits qui l’a recouvre sont ceux que Maurice découpait dans ses magazines. « L’histoire de Maurice, on ne la voit pas trop dans les images, dit-elle. Ce sont des projections que j’en fais. C’est moi qui raconte l’histoire, j’imagine ce qu’il aurait pu penser à travers ces portraits ». Ses visions oniriques lui ont donné le thème de chaque photo : une chambre d’hôpital, un bureau, une salle à manger, un laboratoire…
Le décor reprend les dimensions des chambres où logeait Maurice. « Il vivait dans des pièces pas plus grandes que ce cube de 4 m2, affirme l’artiste. C’est quelque chose que j’ai essayé de reproduire dans mes décors ». Estelle Hoffert a aussi mis un point d’honneur à concevoir ses décors avec des éléments de récupération. Ce n’est pas un hasard. Elle cultive « un sens écologique » qui l’a fait recycler des centaines d’objets. La mémoire de Maurice apparaît dans l’exposition. Son bureau d’où émane des bruits de pas et de découpages de magazines se devine derrière une bâche blanche. « Moi je suis dehors, mon travail est terminé, s’exprime-t-elle. Il est toujours dedans, il n’en reste qu’un souvenir ».
4 m2, une exposition d’Estelle Hoffert jusqu’au 30 septembre à Hindisheim.
Prendre rendez-vous au 06 63 94 98 40 ou à l’adresse contact@estellehoffert.com (visites possibles pour entreprises)
Par Nicolas Feig