Les thèmes de la connaissance et de l’éducation scolaire reviennent souvent dans votre histoire : vous parlez de l’école, des livres et aussi de votre esprit qui s’ennuyait. On dirait que ce sont des choses qui ont prit une grande place dans cette construction en tant qu’individu que vous racontez ici.
Au départ, je ne voulais pas raconter ça. Mais c’est vrai qu’au bout du compte, j’ai aussi réalisé que je mettais en valeur tout ce qui était œuvre d’imagination, de création et de relecture du monde. Ça a été une bouée de sauvetage, un refuge pour m’aider à affronter ce changement, comme une renaissance. À la maison, on avait des livres et des images. À l’école, les profs tendaient à nous ouvrir davantage. Ils savaient très bien d’où on venait et, pour eux, c’était important de nous ouvrir des portes et l’esprit. Ils savaient que l’œuvre d’art était une porte pour la connaissance, pour nous ouvrir, pour grandir. Moi, je suis évidemment redevable du travail qui a été fait. Je fréquentais aussi la bibliothèque de l’usine, du comité d’établissement. On était ouvriers, mais on savait que la culture représentait beaucoup. Pour le divertissement, mais aussi pour l’enrichissement. Dans cette bibliothèque il y avait un sac sur lequel il était écrit : « Prend un livre, prend un disque, ce sont des armes ». Dans cette bande dessinée, je souhaitais juste raconter des souvenirs. Mais, inconsciemment je voulais aussi ausculter ce qui avait été fondateur, dans mon enfance, de l’esthétique que j’ai développé après dans maintes BD : les décors gris, les décors d’usines. Toutes les activités que je faisais pour tuer mon ennui ont nourri tout ce que j’ai fais après. Je n’ai pas arrêté de raconter des histoires de gens qui se promènent, qui laissent leur esprit partir dans des rêveries. Des personnages qui sont ouverts sur l’imaginaire, pour éviter d’aller vers le monde. Bien sûr, j’allais vers le monde mais ce n’était pas en moi. Et tout ça a favorisé l’envie de créer, de traduire les choses.
La Grimace de Vincent Vanoli (L’Association)
Vincent Vanoli exposera cet été des portraits dessinés de musiciens durant Les Nuits de Longwy qui seront ensuite réunis au sein du livre Panorama de la musique populaire, à paraître en fin d’année aux éditions Chicmedias.
Le 22 juillet, le dessinateur sera DJ aux Apéros du Natala à Colmar en support du groupe nancéien Orwell.
Par Emma Guckert-Donati