Exposition : Muette, la carpe ?
En 1878, Émile Gallé produit son chef-d’oeuvre "Le Vase à la Carpe", devenu emblématique des collections du Musée du verre de Meisenthal et la pièce maîtresse de l’exposition "Muette, la carpe ?" jusqu'au 30 décembre.
La documentariste Françoise Schöller a filmé Karim Tataï entre Strasbourg et la Normandie. Un récit au long court ayant trait à l’émancipation de cet autiste strasbourgeois, âgé de 33 ans, au cours d’un tournage. À voir dès ce soir sur France 3.
L’affiche est placardée sur la porte de l’Atelier La Colombe. L’antre de Rita Tataï qui réalise des costumes pour le monde du spectacle depuis plusieurs décennies. Sur le pas de porte de sa boutique-atelier de la rue du Faubourg-de-Pierre à Strasbourg, il n’est pas rare de croiser Karim, son fils, avec son appareil photo en bandoulière en train de héler les bus de la CTS.
Pour une fois, c’est lui le sujet. Personnage central du documentaire Karim, à notre insu réalisé par Françoise Schöller et diffusé jeudi 17 février à 22h30 sur France 3 (puis en replay).
Karim a 33 ans et est autiste. Sa mère s’est toujours battue pour le préserver de l’enfermement et des traitements à base d’anxiolytiques. Quitte à le voir évoluer en vase clos avec quelques rituels bien établis comme celui d’aller acheter un DVD – parfois en quadruple – chaque vendredi.
En 2020, le fiston coupe le cordon. À son insu, en quelque sorte, puisqu’il va suivre Arnaud, un de ses amis, appelé sur le tournage d’un long-métrage en Normandie. Un exil de huit semaines dans une communauté naissante qui sert de trame à un docu-fiction réalisé par Paul Gaillard. Sur place, Karim Tataï trouve rapidement la sienne. Celle d’un inspecteur, face caméra, puis celle d’un homme, hors champ, qui contribue à la vie collective en dressant la table, par exemple, et en nouant quelques tranches de vie avec les autres participants de ce projet cinématographique.
« J’ai été touchée par le combat de cette femme, de cette maman, j’ai eu envie de l’aider », indique Françoise Schöller qui a suivi ce cheminement d’Est en Ouest. Sans trop de certitudes, au départ, et sur ses propres deniers. « C’était un grand risque et je ne voulais surtout pas faire de film militant. Finalement, j’ai été bien payée en retour », poursuit la documentariste.
Assez naturellement, l’éloignement de Karim donne lieu à une émancipation qui ponctue ce récit touchant qui met en lumière « ceux qui n’ont habituellement pas voix au chapitre », selon Françoise Schöller. Plus qu’un chapitre, un document rimant avec épanouissement !
Karim, à notre insu, documentaire de 52 minutes réalisé par Françoise Schöller. Diffusion jeudi 17 février à 22h30 sur France 3 (puis en replay).
Par Fabrice Voné