Exposition : Muette, la carpe ?
En 1878, Émile Gallé produit son chef-d’oeuvre "Le Vase à la Carpe", devenu emblématique des collections du Musée du verre de Meisenthal et la pièce maîtresse de l’exposition "Muette, la carpe ?" jusqu'au 30 décembre.
Lancée au printemps, la revue Court Circuit raconte Metz dans ses grandes largeurs à partir d’une thématique forte. Après la nourriture, ce trimestriel farouchement indépendant, élégant et sans publicité, aborde les solidarités.
Comment dresser un portrait contemporain de Metz et de ses habitants de façon sociétale ? Vaste question à laquelle Sylvain Villaume a sûrement trouvé une réponse en lançant Court Circuit, un trimestriel sous forme de mook qui raconte Metz et son bassin de vie au travers d’une thématique.
Le N°1, sorti fin mars et intitulé À taaaaaaaaaaaable !, consacrait le miam dans ses très grandes largeurs sur 150 pages. Comme les kebabs qui font de la préfecture de Moselle la capitale du sandwich à la « je vous mets salade, tomates, oignons avec sauce blanche ? ». Ou encore une immersion photographique dans la ferme d’Amélie et Guillaume Triveillot, éleveurs de volailles à Lorry-Mardigny, une bande dessinée de François Billaut, une enquête sur la croisade de pâtissiers partis défendre le croissant au beurre authentique… Le tout savamment rythmé, photographié et illustré par le « vivier » d’étudiants de l’École supérieure d’art de Lorraine (ESAL) et coordonné par Xavier Pompelle, directeur artistique.
L’appétit narratif de Sylvain Villaume, ancien journaliste au Républicain Lorrain notamment, découle de sa propre boulimie de lecture de ces magazines que l’on trouve aussi bien en kiosques qu’en librairies : XXI, Zadig, America, Relief, Feuilleton, La Revue Dessinée… « Je ne sais pas si c’était dû à l’objet en lui-même où au traitement des sujets sous forme de récits, mais je me passionnais pour des articles dans lesquels je ne serai sans doute pas rentré autrement. Que ce soit par le biais d’un quotidien, de la radio ou de la télé, j’aurais sans doute zappé », explique-t-il. Surtout qu’au même moment, la presse locale réduit singulièrement ses formats. Il n’en faut guère plus à ce que Sylvain Villaume érige « le grand reportage au coin de la rue » en ligne éditoriale d’un bel objet destiné à « titiller la curiosité et l’esprit d’ouverture. »
Vendu dans les librairies indépendantes de Metz ainsi que dans des restaurants, des galeries d’art, des magasins de producteurs locaux et, tout simplement, en s’abonnant en ligne, Court Circuit semble avoir trouvé sa cible. En se démarquant par ses partis pris éditoriaux mais aussi par son absence de publicité. Ce qui ressemble d’ailleurs à un plébiscite de la part des lecteurs. « De toute façon, vu la dimension artistique de l’objet, si tu te retrouves avec une pub pour de la lessive ou une bagnole entre deux séquences bien illustrées, c’est dommage », souligne le directeur de publication.
En s’affranchissant des annonceurs, la revue préserve également son indépendance. « Il y aura de l’investigation et sans doute des sujets qui gêneront. Le fait de ne pas avoir de pub et donc d’être totalement libres de nos choix est aussi apprécié par les lecteurs », poursuit Sylvain Villaume.
Ceux-ci viennent d’avoir un nouveau numéro à se mettre sous la dent intitulé Le goût des autres qui « choisit la solidarité pour fil rouge et l’engagement comme mot d’ordre. » On y retrouve une enquête sur la mendicité en ville, un reportage sur le monde mystérieux des clubs services et de très longues histoires qui cohabitent à merveille avec cette noble idée de circuit court.
Court Circuit #2, Le goût des autres, 152 pages, 19 euros.
Par Fabrice Voné