Pour imaginer ce lieu hybride, à mi-chemin entre l’épicerie fine et la brocante, il s’est inspiré de concepts parisiens qui ont osé franchir le pas de mixer leurs offres. Une sorte de bric-à-brac vitaminé, où le made in France est roi. À l’avant de l’échoppe, les bons produits maraîchers cohabitent avec la création artisanale locale et un peu d’art de la table, chiné en brocante ou sur Internet. Mais c’est au fond de la cour, dans un espace caché de 40 m² tout juste investi, que l’on mesure la passion intarissable du maître des lieux pour le vintage : grands miroirs, boulier géant, meubles anciens, cruches en grès de Betschdorf… l’arrière-boutique semble venir d’un autre temps.
La ferme historique de Jean-Michel Obrecht est située à la campagne dans le village d’Handschuheim, à seulement 15 kilomètres de Strasbourg. Troisième génération d’agriculteurs (dans une ferme construite en 1760), il reprend le flambeau en 1996 et décide de bousculer les habitudes de l’exploitation familiale. Exit la production de tabac, de blé et les élevages, le maraîcher veut redonner toutes leurs lettres de noblesse aux fruits et légumes. Son chouchou : la framboise, dont la culture et la récolte demandent technicité et précision. « C’est fin en goût et délicat, un peu comme moi ! » s’amuse l’agriculteur-chineur. Grâce à sa communication prolifique sur les réseaux sociaux – où il partage les coulisses de son métier –, l’agriculteur se fait connaître auprès des restaurateurs. Sa détermination, son audace et l’originalité de ses récoltes, notamment en herbes aromatiques (basilic japonais, géranium rosat, etc.) lui permettent de fournir des tables strasbourgeoises comme le Crocodile, Umami ou plus récemment ses voisines du Bistrot des Rosiers.
Ma Ferme en Ville
58, rue de Zurich, à Strasbourg
@jeanmichelobrecht
Par Caroline Lévy
Photo Christophe Urbain