Into the wild #5 :
Anaëlle Abdellah, la botaniste

Manger du végétal, de saison, en circuit-court, c’est déjà un premier pas. Mais si cette fois on poussait le curseur un peu plus loin et on tentait le sauvage ? Pas la peine de vous munir d’une serpette et de jouer aux apprentis herboristes, d’autres cueilleurs plus expérimentés en ont fait leur métier et nous aident à ensauvager nos assiettes.

Ensauvager vos assiettes
Anaëlle Abdellah, la botaniste. ©Christophe Urbain

Il suffit à Anaëlle Abdellah de dérouler son CV pour qu’on comprenne que la jeune Alsacienne aux gestes délicats en a toujours pincé pour les plantes. Son point de départ : une formation de phyto-chimiste dans le domaine des plantes aromatiques, suivie de deux ans d’expérience dans la Drôme à développer des produits cosmétiques et alimentaires pour une entreprise familiale. Viendront ensuite des initiations à la cueillette sauvage « à titre personnel », des stages auprès de producteurs de fleurs, une spécialisation en herboristerie et un passage au Thé des Muses de Strasbourg. « C’est là que je me suis rendu compte qu’il n’y avait rien autour de l’infusion, comme il peut y avoir avec la culture du vin et du café , explique la trentenaire de sa voix douce. Pourtant la palette aromatique des plantes est extrêmement vaste. » Munie de son carnet d’adresses de producteurs de fleurs, la jeune femme décide de commander « une centaine de plantes différentes » qu’elle s’amuse à mixer pour créer des infusions. Leur succès auprès de ses proches la convainc fin 2022 d’en faire son métier et de lancer sa micro-entreprise Hocus Pocus. 

Sous-bois vosgien 

Pour élaborer ses infusions, Anaëlle Abdellah ne travaille que des plantes entières, « c’est plus volumineux » – en témoigne son appartement-atelier débordant de tonneaux couleur kraft – « mais c’est un gage de qualité, car c’est une récolte qui n’est pas mécanisable ». La jeune femme se fournit uniquement auprès de producteurs de la Drôme, de Bretagne et d’Alsace qui partagent « la même passion » qu’elle. Charge à elle ensuite de tester différents dosages pour créer l’harmonie. « Soit je pars d’une plante qui me tient à coeur et je vois ce que je peux rajouter avec, soit j’ai un goût en tête et j’essaye de le recréer », précise la trentenaire qui a par exemple choisi de travailler l’aspérule odorante pour reproduire l’odeur du sous-bois humide vosgien. « Ce qui est fascinant avec le vivant, c’est que c’est extrêmement aléatoire. D’une année sur l’autre, la même plante issue du même producteur n’aura pas le même goût. » Afin de préserver cette subtilité aromatique, les préparations d’Hocus Pocus doivent être infusées à des températures bien précises. Mais pas d’inquiétude, tout est indiqué sur le sachet !


@hocuspocus_infusions
À retrouver dans les boutiques Ar’tisane, Rouge tomate, La Bouture, Les Compotes et tous les mois au marché des créateurs du Neudorf


Par Tatiana Geiselmann
Photos Christophe Urbain