Éléa Pardo, styliste
Avec ses créations tirées au cordeau, la créatrice du jeune label strasbourgeois Éléa Pardo/Dans la peau replace les vêtements au coeur de leur espace-temps.
Dévoilé fin novembre, le nouvel écrin ouaté de la maison Hermès enrobe désormais du regard la place Broglie et sa majestueuse allée bordée de tilleuls menant à l’Opéra du Rhin.
Plus qu’un haut lieu dédié au luxe, c’est un point de vue cultivé sur les gestes artisanaux et notre territoire qu’on découvre en passant le seuil de chez Hermès. Les touristes et Strasbourgeois.e.s s’y hâtent, l’attente de l’ouverture de la nouvelle adresse du célèbre sellier – en simultané de l’ouverture du Christkindelsmärik – était pressante. Et si le ballet des curieux altère aujourd’hui quelque peu l’atemporel esprit des lieux, on sait que, l’effervescence retombée, l’on pourra à nouveau déambuler en toute quiétude dans les espaces de vente dédiés aux différents métiers de la maison. Des sols aux plafonds, le travail d’orfèvre réalisé par l’agence RDAI – un des partenaires historiques de la maison Hermès – éblouit par la richesse de ses réflexions et de ses interventions. Leur démonstration du large champ des possibles, le soin et la délicatesse apportés aux couleurs étourdissent : des tables en lave émaillée aux tapis concentriques, des sols de terrazzo où se mêlent des inclusions de grès des Vosges, aux murs recouverts de marmorino jusqu’à la flagrance d’une imposante demi-coupole laquée main, au dégradé incandescent abritant l’espace souliers, tout est à sa place et fait pour durer. Tout comme l’écrin feutré du premier étage, au couloir ponctué des photographies sensibles d’Adrien Boyer et des peintures oniriques d’Antoine Carbonne, desservant l’espace dédié à la réparation. Au salon d’essayage, les murs se parent d’une toile de Tours rythmée des géométries de la cive et de ses stries concentriques. Un motif en hommage à l’artisanat verrier local et aux façades alsaciennes – notamment celle de la maison Kammerzell – qui ont également inspiré les majestueux claustras du rez-de-chaussée, pensés comme des frontières sensibles entre cet espace feutré et l’asphalte des rues. Un filtre des mémoires qui nous lie à jamais, chaque magasin Hermès étant unique.